Ben Badis tira l’identité Algérienne du coma
Par: Nadir LARDJOUNE-
L’œuvre éléphantesque de l’Imam Ben Badis et de ses Hommes a fait échouer le «projet diabolique » du colonialisme français ; qui avait pour but, de diluer l’identité et la personnalité algériennes dans le « Le moule occidental » et, par la même occasion, couper la sève nourritrice qui liait l’Algérie à la civilisation arabo-musulmane.
Ben Badis est né le 05 décembre 1890 à Constantine. En 1908, il fut envoyé à l’Université de Zitouna (Tunisie) où il étudia pendant quatre années.
Il revint en Algérie un peu avant la Première Guerre mondiale (1914) de l’Université d’El Azhar (Egypte) où il avait brillamment achevé ses études.
Il trouva l’Algérie de cette époque-là sur le plan socioculturel dans un état des plus déplorables caractérisé particulièrement par une sorte de «tombée dans le coma» du couple Identité-Personnalité du peuple algérien.
En effet, les officines s’activaient à consolider le programme de destruction conçu pour la dépersonnalisation du peuple algérien, l’engloutissement de ses repères et valeurs civilisationnels. Il s’agissait de couper le lien ombilical attachant l’Algérie à la Communauté arabo-musulmane. La langue arabe était complètement marginalisée, les valeurs de l’Islam étouffées et entièrement dénaturées, par contre, la culture et la langue française prospéraient, l’œuvre d’assimilation avançait à pas de géant…
Le diagnostic du mal
Pour faciliter la matérialisation de ce programme destructif de la Personnalité algérienne, le bachagha, le caïd, le gendarme et l’administrateur avaient la charge de semer la terreur dans les rangs de la population , de réduire au silence toutes résistances à l’oppression et les voix hostiles ou simplement allergiques à l’injustice du colonisateur et de ses supplétifs.
Sans perdre du temps, Ben Badis fit le diagnostic du mal qui rongeait et tuait inexorablement la Société algérienne d’alors par de petites gouttes de «poison civilisationnel». Il arrêta un plan d’action, définit une méthode de travail et commença aussitôt sa mission islahiste et libératrice qui se résumait comme suit :
1. Hâter la prise de conscience du peuple algérien,
2. Libérer le peuple de son ignorance,
3. Combattre l’analphabétisme, les superstitions, le culte des Saints,
4. Mettre en charpie la «citadelle maraboutique»,
5. Lutter contre les vices populaires et les pratiques blâmables par l’Islam,
6. contrer la propagande anti-islamique des agents de leur Seigneur Lavigerie …
Pour remédier à la déplorable situation dans laquelle ronronnait la Société algérienne, Ben Badis développa un réseau bien étoffé de Médersas à travers tout le territoire algérien afin de permettre à des milliers d’enfants musulmans de s’instruire. Il avait choisi comme outils pour accomplir sa mission la mosquée et la Médersa.
Après quelques années de prédication, ses cours attiraient de plus en plus un grand nombre d’auditeurs subjugués par les principes purs de l’Islam authentique.
Pour permettre à un grand nombre d’Algériens de bénéficier du fruit de son œuvre (acquisition des connaissances scientifiques et religieuses), Ben Badis communiqua en 1924 à son ami Ceikh Bachir Ibrahimi son intention de vouloir créer une Association sous le nom « d’Association de la Fraternité intellectuelle », qui dirigerait rationnellement l’action des hommes qui se dévouaient à l’œuvre de la régénération. Son souhait se concrétisa le 05 Mai 1931 où l’Association des Oulémas vit le jour et deviendra par la suite le Centre attractif et organisateur de l’action islahiste en Algérie.
L’importance de l’œuvre de Ben Badis
Comme le nombre des ses disciples ne cessait d’augmenter, il s’est vu contraint de donner une dizaine de cours par jour, sans compter les cours du soir, pour les illettrés et qui se prolongeaient souvent au-delà de 23H. Il se réveillait régulièrement à 4H du matin. Il était journaliste, professeur et Président de l’Association des Oulémas musulmans algériens. Le vendredi, il le passa à la Capitale (Alger) pour planifier, organiser et coordonner le travail de l’Association des Oulémas. Comme on le constate, Ben Badis n’avait pas de jour de repos. Le fruit de son travail a pu tirer du coma l’identité et la personnalité algériennes.
Ben Badis tira la réussite de sa mission de sa foi inébranlable, de ses « nourritures spirituelles » et parce qu’il avait l’intime conviction que celui qui lutte dans la voie de Dieu, ne doit craindre ni les contraintes imposées, ni les intimidations, ni les menaces des ennemis, parce qu’il est assisté par Dieu Lui-même dans ses actions pourvu qu’il garde une foi constante et pure.
L’œuvre éléphantesque de l’Imam Ben Badis et de ses Hommes a fait échouer le «projet diabolique » du colonialisme français ; qui avait pour but, de diluer l’identité et la personnalité algériennes dans le « Le moule occidental » et, par la même occasion, couper la sève nourritrice qui liait l’Algérie à la civilisation arabo-musulmane.
La foi et le patriotisme comme armes
L’œuvre de l’Imam Ben Badis et de ses Hommes a d’une part, immunisé les Algériens contre la propagande de l’ordre colonial et de sa claque (les adeptes de l’Algérie française) et d’autre part, elle a « blindé et aiguisé » la Foi et le patriotisme des Algériens.
Pour les Algériens, la Foi et le patriotisme en question se sont avérés par la suite, sur le terrain du combat ; comme étant des armes efficaces, redoutables et auxquelles l’ennemi avec son armada de généraux n’a pu trouver la parade. En effet, ces armes conjuguées à d’autres ont permis quelques années plus tard à la Révolution algérienne de pousser l’ennemi à la faillite économique (coût de la guerre), de l’étourdir sur le champ de bataille (frappes foudroyantes), bref, le contraindre de mettre genou à terre, avant de lui porter l’estocade (planifiée depuis un certain 5 Juillet 1830 ) fatale à l’Empire colonial français, qui s’est effondré alors, tel un château construit sur du sable et d’où étaient emprisonnées aussi la liberté, la dignité et la souveraineté de certaines autres nations africaines.
Autrement dit, le « bruit » de l’écroulement de l’Empire colonial en Algérie a été « entendu » à des milliers de km à la ronde et, a eu comme «heureuses conséquences» d’encourager, de motiver encore plus les combattants de la liberté dans d’autres contrées à travers le monde et de faciliter le recouvrement de leur souveraineté nationale, comme le témoignent les pages inscrites en lettres d’Or, de l’Histoire humaine du vingtième siècle.
Ses disciples prennent le flambeau
Abdelhamid Ben Badis a œuvré durant toute sa vie à défendre les valeurs de l’Islam et lutta de toutes ses forces pour la préservation de l’Identité et de la Personnalité de la Société algérienne en tant Nation, comme il l’a proclamé un jour à haute voie :
«L’Algérie n’est pas la France, ne veut pas être la France, et ne peut être la France».
Ben Badis et ses Hommes, par leur œuvre; ont fait échouer le «projet colonial» qui consistait à diluer la Société algérienne dans le « moule » franco-chrétien.
Avant de quitter ce monde le 16 Avril 1940, il avait déjà formé toute une armée très motivée et éprouvée de réformateurs (Islahistes) imbus de sa foi et imprégnés de son esprit, qui devaient continuer son œuvre, comme s’il n’était point disparu.
Comme le 16 avril correspond à la date du décès de l’Imam Ben Badis, il est dédié à la science et célébré chaque année par l’Algérie, en signe de gratitude à Ben Badis, à son œuvre scientifique et à ses compagnons.