Hamza Boukoucha: Poète, théologien, journaliste.. Un érudit, témoin du XXe siècle
Par : Sohiel CHENNOUF-
Hamza Boukoucha, ou Chennouf Hamza Boukoucha, est né le 19 octobre 1907, correspondant au 12 du mois de Ramadhan de l’année 1325 à Oued Souf 1. Il est décédé le 18 novembre 1994 à Alger. C’est un érudit (critique littéraire, poète, théologien, journaliste et homme de droit algérien).
Il fut l’un des membres fondateurs de l’Association des Oulémas musulmans algériens le 5 mai 1931. En effet, il fut invité avec 71 autres Oulémas à la séance inaugurale de la naissance de l’Association des Oulémas au Nadi Ettaraki. Il a étudié dès son jeune âge à El Oued. Parmi ses enseignants, il y eut le célèbre Ibrahim Laouamer2.
Il est parti jeune à Biskra avec son père,3 commerçant, qui avait un magasin, et a étudié également à la mosquée Bekkar avec Mohamed Laïd Al Khalifa, Ferhat Ben Derradji et El Barkati, qui furent par la suite ses compagnons dans l’association. A l’âge de 14 ans, il partit faire ses études à la célèbre mosquée Zitouna de Tunis, qui était en ce temps-là un grand centre du savoir, où il a obtenu le plus haut diplôme de l’époque. Il a eu plusieurs enseignants, dont les prestigieux cheikhs Mohamed Tahar Ben Achour et Cheikh Ennakhli et bien d’autres.
Dès 1927, avec Mohamed Laïd Al Khalifa et Ferhat Ben Derradji, il aida Cheikh Tayeb El Okbi à Biskra à la parution du journal Al Islah. Il est venu à Alger en 1930, où il donna des cours durant tout le mois de Ramadhan à la Grande Mosquée d’Alger sur les 40 hadiths Nawawi. Plusieurs personnalités religieuses de l’époque ont assisté à ses cours, dont le cheikh Abdelhamid Bensmaïa et Abderrahmane El Djillali.
Il a écrit près de 150 articles dans les journaux, périodiques et revues de l’époque Chihab, Bassair, Mirsad, Thabat, Islah, Jaridat Wazir et la revue Zahra de Tunisie, Wifak de Saïd Ezzahiri d’Oran, le quotidien Nadjah, Maghrib d’Abou Yagadhan, dans la revue Feth de Mouhib Eddin Khatib et Maghreb Arabi en 1937. Après l’indépendance, il a écrit également une trentaine d’articles dans les revues Marifaa, Thakafa et Djeich, ainsi que dans les quotidiens Châab et Nasr.
Il a animé plusieurs conférences, dont les plus importantes sont celles relatives à Lamine Lamoudi, à la maison de la culture d’El Oued en 1986, à la commémoration du cinquantenaire de Dar El Hadith de Tlemcen en 1987 et à la commémoration de Abdelmadjid Chérif dans «L’insurrection d’El Oued de 1918», à Ouargla, en 1987.
Il enseigna à Dellys en 1932, à Lyon en 1936 et à Constantine en 1937. La grande majorité de ses écrits ont été signés avec le nom de Hamza Boukoucha. Boukoucha n’est pas un pseudonyme, mais un prénom d’un de ses ancêtres. Il a eu dans ses différents écrits plusieurs pseudonymes, dont Souheil, l’étudiant zaïtounien, le jeune d’El Oued. Il a fondé le premier journal arabophone à Oran le 28 mai 1937, intitulé Maghrib Arabi, dont il fut le rédacteur en chef.
C’est un journal hebdomadaire, dont la ligne directrice était politique, sociale et littéraire, d’après des documents d’ archives de la wilaya d’Oran (ex-préfecture d’Oran). Le tirage du journal était de 2000 exemplaires. Il fut élu, d’abord, au comité directeur, ensuite, en 1938, au conseil d’administration de l’Association des Oulémas. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Association des Oulémas a suspendu ses journaux.
En 1944, il est nommé secrétaire général de l’association, et en 1947, dans le comité de rédaction du journal Bassair et inspecteur général. En 1956, il poursuivit l’enseignement à l’Institut Ibn Badis à Belcourt (Alger), et en mars 1957, il fut arrêté et emprisonné dans les différents camps de Bossuet et de Paul Cazelles.
Après l’indépendance, il travailla au ministère des Habous (Affaires religieuses actuellement), qu’il quitta rapidement en 1964 pour un poste de professeur au lycée Okba puis au lycée Omar Racim, à Alger. Avec la création du Haut Conseil islamique en 1966, il est nommé membre conseiller, poste qu’il quitta également rapidement.
Durant l’année universitaire de 1967, il s’inscrit à la filière de droit en arabe, nouvellement créée, à l’université d’Alger, où il obtient une licence en 1971. Fort de sa grande expérience en théologie, il consacra toute sa carrière juridique au statut personnel. En avril 1972, il fut nommé conseiller à la chambre civile de la Cour suprême d’Alger.
A la fin des années 1970, il démissionna de la Cour suprême et poursuivit une activité libérale d’avocat, où il se spécialisa dans le statut personnel. En 1990, il a arrêté son activité pour se consacrer plus à la lecture et aux rencontres avec ses différents amis. Il décéda le vendredi 18 novembre 1994 et fut enterré au cimetière El Kettar, à Alger, aux côtés de son fils Chennouf Bachir, décédé le 2 novembre 1972, qui fut professeur au lycée El Feth de Blida, au lycée El Mokrani et au lycée Okba.
L’épouse de Cheikh Hamza, née Zobiri Daouia, fut également enterrée auprès d’eux le 28 juillet 2011. A l’heure actuelle, cinq ouvrages du Cheikh Hamza ont été édités, dont deux en seconde version. Ces ouvrages ont été réalisés à l’aide d’articles de revues et de journaux et de manuscrits du Cheikh Hamza lui-même.