Abd al-Hamid Ben Badis.. Fondateur du mouvement réformiste musulman en Algérie


Abd al-Hamid Ben Badis.. Fondateur du mouvement réformiste musulman en Algérie 

Abd al-Hamid Ben Badis

Fondateur du mouvementréformistemusulman en Algérie

Son nom et ses origines :

Son nom est Abd al-Hamid Ibn Mohamed Al-Mustafa Ibn Al-Makki Ibn Mohamed Kahoul Ibn Ali descendant de l’arrière grand-père "Menad Ibn Mankush" : une grande figure de la tribu "Telkata" (ou Tolokkata / Tilkata), une des principales divisions de la grande et glorieuse tribu Berbère de l’Algérie et du Maghreb Islamique celle des « Sinhâja ».

Quant aux origines de sa famille, noble et très distinguée, connue pour son savoir, sa richesse et sa renommée ; prestigieuse par sa lignée qui compte un grand personnage :  "Al-Muizz Li-Dîn Allah Ibn Badis" un des plus célèbres chefs de dynastie des « Zirides » dont le fondateur est le prince "Bulukkin Ibn Ziri Ibn Menad As-Sinhâji".

La souche de la famille Ibn Badis a raconté le grand "Ibn Khaldoun" a donné naissance à plus de 40 aïeux qui ont tous occupés des postes éminents allant de l'enseignement et les fonctions consultatives et religieuses ainsi la vocation de juge, qui était presque dévolue exclusivement aux oulémas de la famille Ibn Badis pendant une longue période à Constantine. Les plus célèbres Parmi eux : le juge "Abou Abbas Hamida Ibn Badis" et le juge "Al-Makki Ibn Badis".

Son père "Mohamed Al-Mustafa Ibn Badis" un des grands commerçants et exploitants agricoles, respecté parmi les dignitaires de Constantine, a occupé le poste de délégué financier et désigné membre du conseil suprême et conseiller de la ville ainsi honoraire "Pacha Agha" et lui a été décerné la médaille de "Chevalier de la légion d’honneur" par les autorités coloniales Françaises. Et grâce à son intervention bénéfique en 1945 les habitants de "Oued Zenati" ont survécus au génocide à la suite  des incidents du 8 Mai.

Sa mère Zahîra bint Ali, fille honorable de la famille "Ibn Djelloul", cette famille connue pour son savoir, sa piété et sa richesse à Constantine, est issue de la tribu "Beni  Maaf" célèbre dans les montagnes "Al-Aures".

Sa naissance :

Il est né le mercredi 11 Rabie Thani de l’année Hégire 1307, correspondant au 04 Décembre 1889 à Constantine, il est l’ainé parmi ses frères et sœurs.

Son éducation et ses études :

Dans une famille très attachée à sa religion l’Islam, Sheikh Abd al-Hamid Ibn Badis été élevé, son père le mis dés ces cinq ans sous la garde de l’un des plus célèbres récitants du Coran à Constantine Sheikh "Mohamed Al-Madâsi", dont il finalisa la mémorisation du Coran avant qu’il n’atteigne l’âge de 13 ans. Et comme le jeune Abd al-Hamid montra une grande aptitude à apprendre et une conduite morale exemplaire, son maître le nomma pour diriger la prière des « Tarawih » au cours du mois de Ramadan à la Grande Mosquée « Jamie Al-Kebir » pendant 03 années consécutives. 

Et à partir de 1903, il apprit les principes de la Charia et les sciences Arabe ; et ce, chez son Sheikh "Hamdân Lounici", à la mosquée « Sidi Mohamed Al-Najjar ».

En 1908, il s’est rendu en Tunisie afin de poursuivre ses études à l’université « Jamaâ Ez-Zitouna », ou il a complété ses études auprès des éminents savants de l’époque ; parmi ces derniers figurent : Sheikh Al-Allama "Mohamed Nakhli Al-Qayrawani", "Mohamed Al-Tâher Ibn Achour", "Mohamed Al-Khathâr Ibn Hussein", "Mohamed As-Sadeq An-Naifar", et le professeur "Bachîr Safar"…

Après 03 ans d’études intenses, il obtint en 1911 son diplôme (certificat "At-Tetwî"), et fut classé premier parmi tous les étudiants passants, et il a été le seul étudiant Algérien lors de cette session. Toujours en Tunisie, il enseigne un an comme c’est l’usage pour les étudiants qui viennent de terminer leurs cycles d’études.

Son voyage au Hedjaz (Arabie Saoudite) :

Après son retour en Algérie, Sheikh Ibn Badis n’eut pas d’autres soucis que d’enseigner à sa ville natale "Constantine". Et il commença son parcours par donner des cours à la Grande Mosquée à partir du livre « Ash-Shifâ » du savant "Al-Qâdi Iyâd". Mais le « Mufti » de la ville s’interposa à ses cours en attirant sur lui l’attention des autorités coloniales. C’est pourquoi, Sheikh Ibn Badis décida cette année (1913) de faire le pèlerinage.

Après avoir accomplie le Hajj à la Mecque, séjourne à Médine (la ville du Prophète) trois mois où il y retrouve son professeur le Sheikh "Hamdân Lounici", et eut le privilège de connaître quelques grands savants, dont le Sheikh "Hussein Ahmed Al-Faydh Abadi Al-Hindi" et eut l’inestimable occasion de donner des leçons dans le « Haram Al-Nabawi » en leurs présence.

À cette période, Sheikh Ibn Badis eut à décider entre deux choix, de rester à Médine comme le lui avait conseillé son Sheikh "Lounici" ou bien de suivre le conseil du Sheikh "Hussein Ahmed Al-Hindi" de retourner a son pays afin de s’occuper de la prédication et de servir l’Islam et la langue Arabe du mieux qu’il pouvait. Ce dernier conseil lui convainquit.

Aussi, ce fut pendant ce séjour à Médine la connaissance de son ami dans la prédication et la réforme, Sheikh "Mohamed Al-Bachîr Al-Ibrahimi", avec qui il a passe toutes ses soirées de son séjour à étudier les méthodes et programmes pouvant créer le renouveau en Algérie.

Sur son chemin de retour, il s’arrêta au Caire, visita l’université « Jamaâ Al-Azhar », et prit connaissance de la méthodologie appliqué et du contenu des cours. Puis il a visite le Grand Mufti d'Egypte Sheikh "Mohamed Boukit Al-Moutiî" à son domicile à Helwan, en compagnie de son ami "Ismail Jaghar" professeur à Al-Azhar. Sa rencontre avec le Mufti déboucha sur une licence scientifique (idjêza ilmiyya), qu'il lui décerna suite à sa lecture d'un courrier qu'Ibn Badis lui remit de la part de son Sheikh "Hamdân Lounici".

Son activité de réformiste :

·         Education et enseignement :

A son retour d'Orient en 1914, le Sheikh Ibn Badis se lance immédiatement dans l'enseignement et cherche à apporter un air frais dans ce domaine car l’éducation était pour lui la pierre angulaire dans tout édifice. Il lui consacre quotidiennement sa journée et une partie de sa soirée, s'adressant à des publics de tous âges, depuis les enfants dans la mosquée « Sîdî Quammûch », jusqu’aux hommes de tout âge qui suivant ses cours d'exégèse du Coran et du H'adîth, à l'aube et durant la soirée à la Mosquée Al-Akhthâar. Elargissant ses activités, il inculqua des leçons à la mosquée « Sîdî Abd Al-Momin »,  tout en menant des randonnées durant les week-ends et les vacances dans tout le pays.

Après des années avec ce rythme de travail, certains de ceux qui étaient proches de lui, firent une proposition de fonder un bureau dont le but principal est de fonder l’enseignement primaire Arabe en 1926. De ce bureau, naquit en 1930 l’école de l’association de l’éducation et de l’enseignement islamique. Où après Sheikh Ibn Badis adressa un appel aux Algériens à l’époque, les invitant à leurs tour de fonder des annexes chacun dans sa contrée de cette école.

Veillant sur ces étudiants, Sheikh Ibn Badis forma un comité qui avait pour dessein d’aider les étudiants, de surveiller la suite qu’ils donnaient à leurs études, en leur consacrant une caisse pour les aider financièrement. Les surdoués furent envoyés en Tunisie précisément à l'université « Jamaâ Ez-Zitouna » et en Egypte à l’université « Jamaâ Al-Azhar » pour mener leurs études supérieurs.

Le grand réformateur Musulman, prit un soin particulier pour impliquer la fille et la femme dans le processus du renouveau. Leur donnant des cours dans la Mosquée Al-Akthâar, et institua des cours aux filles à l’école de l’association de l’éducation et de l’enseignement et cela gratuitement, tout en entreprenant des mesures pour pouvoir permettre à ces jeunes filles de poursuivre leurs études secondaire et supérieure au Syrie.

Dans le but de réformer l’enseignement et de corriger les méthodes éducatifs en Algérie, Sheikh Ibn Badis invita les éducateurs et les enseignants à un congrès tenu en 1937 au club  « Taraki », pour un échange d’idée et de point de vue pour tout ce qui concernait l’enseignement libre, ses écoles, ses mosquées, son organisation et ses programmes.

Il participa aussi à la tentative de réforme à l'université « Jamaâ Ez-Zitouna », et envoya ses suggestions au comité destiné à promouvoir des réformes désigné par le gouverneur de Tunisie en 1931, ses propositions étaient le résumé de ses idées sur l’éducation et l’enseignement.

·         La presse :

Sheikh Ibn Badis vit que le mouvement réformiste ne devrait pas se contenter de l’éducation et l’enseignement mais aussi, il devrait s’attaquer à la presse. Et pour cela, il fit l’annonce la création de son journal « Al-Montakid » en 1925, malgré le fait qu’il avait eu un précédent d’écriture dans la presse plus précisément des articles dans le journal « Al-Najah », sous un pseudonyme « Le Constantinois ou Al-Abssi »

Mais le journal « Al-Montakid » ne dura pas longtemps, à cause de son franc-parler et  son audace. Au bout de n°18 les autorités coloniales mirent fin à sa publication. Le journal « Ach-Chihab » vint la remplacer et continua à paraître en hebdomadaire pendant 4 ans, puis devint une revue mensuelle à partir de février 1929 et pour assurer le plein succès de son expérience journalistique, Sheikh Ibn Badis ouvrit une imprimerie appelé « l’imprimerie islamique Algérienne » qui eut à imprimer ses journaux et par la suite les quatre journaux de l’association des oulémas musulmans Algériens, dont il fut le rédacteur en chef  « Al-Sunna », « Es-Charia », « Es-Sirate », « Al-Bassaïr ».

·         Sa participation politique :

Le combat réformiste que mena Sheikh Ibn Badis recouvre plusieurs facettes dont le côté politique, il a contribué avec ses opinions, ses suggestions, à forger la pensée politique en accordant une importance capitale aux grandes causes de la Nation.

Parmi ses positions politiques :

-          En 1931, il publie un essai sur les origines du pouvoir en Islam.

-          Son rôle prépondérant dans l’apaisement de l'incident déclenché entre Juif et Musulman à Constantine l’été 1934.

-          Son appel pour l’organisation d’un congrès islamique et sa participation en 1936.

-          Sa position politique vis-à-vis des promesses de l’état français.

-          Le dialogue avec le comité de recherche du parlement Français en 1937.

-          Appel aux élus pour le boycott des séances de députés, le mois d’Août 1937.

-          Son appel pour boycotter les festivités du centenaire de la prise de Constantine automne 1937.

-          Son attitude envers la loi du 8 mars 1938.

-          Sa désapprobation de l’envoi de la lettre de solidarité avec la France contre la menace Allemande.

-          Présentation des pétitions.

-          La lutte contre la politique de l’intégration et de l’octroi de la nationalité.

-          Son opposition farouche contre toute tentative de déstabiliser l’unité nationale.

-           Son vif intérêt pour les causes de la Nation.

-          Sa position vis-à-vis de la liberté et l’indépendance.

Ibn Badis et l’association des oulémas musulmans Algériens

Sheikh Ibn Badis a commencé à penser à fonder l’association des Oulémas Musulmans dés 1913 lors de son séjour à Médine et avec son compagnon de route Sheikh "Mohamed Al-Bachîr Al-Ibrahimi", il mit les premiers fondements de l’association et pour cela plusieurs rencontres eurent entre les deux hommes depuis 1920.

Et comme préalable pour sa fondation Sheikh Ibn Badis a demandé à Sheikh "Al-Bachîr Al-Ibrahimi" de mettre au point la loi fondamentale de l’association afin de rassembler les oulémas et leurs élèves et unir leurs efforts au nom de « la fraternité du savoir ». Et le siège de cette association sera à Constantine, mais une suite d’évènement imprévu, retarda le projet. Après, des efforts sérieux furent entrepris pour la création de l’association, surtout que l’atmosphère intellectuel devint propice avec les appels adressés par Sheikh Ibn Badis aux oulémas dans « Ach-Chihab » pour que ces derniers présentent leurs suggestions et leurs visions d’un projet d’association…

Suivi en 1928 l’appel qu’il réserva aux étudiants venus de l'université « Jamaâ Ez-Zitouna » et du l'Orient Arabe, pour mettre au point le programme de l’association durant un séminaire. Pendant la même période, apparut l’activité du club « Taraki » (Nadi Al-Taraki), très vite il devint le point de réunion de l’élite musulmane, et un brillant repère culturel. 

Tous ces facteurs ont contribués à la naissance de l’Association des Oulémas Musulmans Algériens un mardi le 5 mai 1931 et cela au cours d’une réunion au Nadi Al-Taraki, qui rassembla 72 savants religieux, représentant tout le territoire Algérien et toutes les tendances religieuses.

Sheikh "Abd al-Hamid Ibn Badis" fut élu président de l’association et Sheikh "Mohamed Al-Bachîr Al-Ibrahimi" comme vice-président.

Sa mort et ses œuvres :

Le cheikh "Abd al-Hamid Ibn Badis", décéda, après une vie pleine de glorieuses œuvres, au soir du mardi 09 Rabiee Al-Awal 1359 de l’Hégire, correspondant au 16 Avril 1940, à Constantine, à la suite d’une douloureuse maladie.

Il fut enterré  le lendemain après la prière d'Al-Asr, son linceul fut porté par ses étudiants. Plus de cent milles personnes assistèrent à ses funérailles, venus de tous les coins du pays. Tout le peuple Algérien à l’annonce de sa mort le pleura.

Dans son allocution funéraire, Sheikh Al-Arabi Tbessi dit : « Sheikh Abd al-Hamid Ibn Badis fut dans son combat et son action, l’Algérie, à l’Algérie après sa mort d’être Sheikh Ibn Badis».

Parmi ceux qui ont immortalisé cette grande perte dans le grand poète "Mohamed Alid Al-Khalifa" un poème dans lequel dit :

O tombe Est-ce que tu as connaissance de l’honorable visiteur ?

Il est (Ibn Badis) l’Imam contenté

L’illustre savant à la science et au savoir connu dans les coins les plus reculées du pays.

Il a redonné vie à Al-Djazaïr après une longue léthargie.

Le peuple avec la vie est devenu ou revit. ( au choix)

Jusqu'à ce qu’il dise :

Dors tranquille, le peuple après toi a mûrit

Et suis ta voie avec sérénité et avance

Ne crains pas que ton héritage se perdra

Car les Héritiers sont nombreux

Sheikh Ibn Badis laissa derrière lui un grand nombre d’œuvre. Et Allah a fait que son œuvre soit gardé par des fidèles qui entreprirent de la publier, voici la liste de ses œuvres :

-   « Rissalat Al-Makal an Soue Al-Jawab » publié en 1922.

-  « Al-Awassam mina Al-Qawassam » une œuvre de "Ibn Arabi" que Sheikh Ibn Badis révisa, et présenta en deux tomes (Tome 1 en 1926 et Tome 2 en 1927).

-  « Tafssir Ibn Badis » imprimé par "Ahmed Bouchamal" en 1948 et qui fut publié une seconde fois par le Ministère des affaires religieuses Algérienne en 1982 sous le titre de « Majaliss Atathkir min Kalam Al-Hakim Al-Khabir ».

-    « Majaliss Atathkir min Hadith Al-Bashir Al-Nathir » publié toujours par le Ministère des affaires religieuses Algérienne, en 1983.

- « Al-Akaid Al-Islamiya min Al-Ayat Al-Koraniya wa Al-Ahadith An-Nabaouia » imprimé par son élève "Mohamed Salah Ramadane" en 1963 et il fut republié par deux fois en 1966 et 1990 et il fut publié une quatrième fois par Sheikh "Mohamed Hassan Al-Fothala", en 1984.

-  « Rijal As-Salaf wa Nissâahou », ce livre a été imprimé par Sheikh "Mohamed Saleh Ramadane" et "Tawfik Mohamed Shahine" en 1966.

-   « Mabadie Al-Oussoul » révisé par Dr.Amar al-TALBI et publié en 1988. Il a été étudié et révisé aussi par Sheikh "Mohamed Ali FERKOUS" et il a été publié en 2001 sous un nouveau titre « Al-Fath Al-Maamoul fi Charh Mabadie Al-Oussoul».

Quant au reste de ses œuvres, il a été publié sous la forme d’articles et conférences, des discours et des poèmes, dans les journaux « Al-Najah », « Al-Montakid », « Ach-Chihab », « Al-Sunna»,  « Es-Charia », « Es-Sirate », « Al-Bassaïr ».


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