Abd El Hamid Ibn Badis badiss Un imam de guidée, de science et de réforme
Par: Aboû Fahîma Abd Ar-Rahmên El Bidjê'î-
Louange à Allâh qui a fait qu’il y aient des savants restants à chaque époque marquée par une interruption des Messagers. Ces derniers appellent les égarés vers la guidée tout en endurant le mal qu’ils leur causent. Avec le Livre d’Allâh le Tout-Puissant, ils redonnent la vie aux morts-vivants. Et avec la Lumière d’Allâh, ils rendent voyants les gens frappés d’aveuglement.
Combien de personnes assassinées par Iblis (Démon) ont-ils ressuscitées ? Combien d’errants ont-ils ramenés à la guidée ? Combien est beau leur effet sur les gens, et est affreux l’effet des gens sur eux ! Ils rejettent du Livre d’Allâh la falsification des fanatiques, la mutation (usurpatoire) des faussaires et l’interprétation des ignorants. Tous ont levé les étendards de l’hérésie et donné libre cours aux tentations. Ils divergents sur le Livre (le Qour’ên) ; s’opposent au Livre et s’accordent pour s’écarter du Livre. Ils disent d’Allâh, et parlent de Lui et de Son Livre sans science. Ils discutent avec les paroles ambiguës et dupent les personnes ignorantes par l’usage des équivoques. Nous recourons à Allâh contre les tentations des égareurs ! »1
Et que la Prière et la Salut d’Allâh soient sur notre Prophète et Messager, Mohammed qui a dit : « Certes, les oulémas sont les héritiers desProphètes ».2
Cela dit ; sans aucun doute, il fait partie de ces héritiers des Prophètes, l’éminent érudit, l’imam Salafi3, le cheikh Abd El Hamid Ibn Badis -qu’Allâh lui accorde une grande miséricorde-. Un imam de piété et de réforme par excellence, qui, malgré son âge qui n’était pas très long, est parvenu à faire renaître les préceptes authentiques de l’Islam en Algérie, à jeter l’éveil religieux et social au sein du peuple algérien qui, celui-ci, a enfin compris les raisons de la réalité invivable, que l’occupant français lui infligeait pendant les trop longs lustres enténébrés de sa présence en Algérie ; une prise de connaissance qui révéla aux valeureux enfants de ce pays les visées réelles, secrètes et apparentes, de l’innommable brute coloniale qui campe depuis plus d’un siècle dans leur pays (si l’on compte dès 1830 jusqu’à 1940, dates respectives de l’occupation française et de la mort d’ibn Badis), consacrant des moyens infernaux afin d’y perpétuer son « séjour » !
Dans cet article, nous survolerons les étapes jalons de la vie d’ibn Badis afin d’obtenir un aperçu général de sa biographie, qui, elle, projettera un regard panoramique sur une frange de l’histoire de l’Algérie. Pour ainsi faire, nous allons nous baser sur des titres dont nous puiserons la substance de divers livres et revues que nous avons dépouillés. L’intention de notre article, notons-le, s’inscrit dans une démarche de faire connaître le visage, le vrai, de notre religion, l’Islam. Divulguer les vertus et valeurs parfaites de l’Islam, que ses détracteurs, faussaires et mensongers, n’ont de cesse de défigurer, voire d’escamoter, est, en vérité, une tâche à laquelle doit se livrer tout musulman soucieux de sa religion. Rendre plus manifestes encore les bienfaits de cette religion dernière en serait le résultat que souhaiterait voir non seulement les gens qui travaillent dans ce domaine, mais tout croyant attaché à celle-ci.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons opté pour présenter à nos chers lecteurs et lectrices un aperçu de la vie de l’imam ibn Badis, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de son décès -qu’Allâh lui fasse miséricorde-. Cela étant, il est de plus une réalité qu’écrire ou discourir sur les grands hommes, fils vaillants de l’Islam, serait un rappel de ses mérites et bienfaits, car, l’Islam n’est en fait que la religion productrice fertile de ces hommes qui illuminent l’humanité depuis déjà près de quinze siècles, qu’Allâh soit Loué !
— Vue générale sur la situation qui régnait en Algérie avant la naissance d’Ibn Badis :
Quiconque cherchera à savoir dans quel état se trouvait l’Algérie rien qu’aux cinq premières décennies suivant le débarquement militaire de la France, sera frappé de stupeur des conséquences dévastatrices d’une colonisation qui avait pour but de décimer, au sens propre et figuré, toute une nation. En effet, tel que l’affirment les textes historiques, sur tous les plans, social, religieux, culturel, économique, etc., le peuple algérien était dépossédé des droits les plus élémentaires de l’être humain digne de ce nom, comme il était, aussi, victime de toutes les atrocités que peut commettre un injuste, voire inimaginables sont les carnages qui lui étaient infligés et dont nous souffrons des conséquences sur nos terres jusqu’à ce jour !
Pour décrire la réalité désastreuse qui prévalait à cette époque, nous cédons la parole à un éminent érudit, le collègue et bras droit d’ibn Badis, le cheikh Mohammed el Bachir el Ibrâhîmi -qu’Allâh lui fasse miséricorde-, qui a porté son témoignage sur la barbarie du colonisateur français en déclarant : « Le colonisateur français est venu à ce pays comme les maladies qui surviennent, elles apportent avec elles la mort et les causes de la mort ! » 4 ; et il a dit également dans un autre passage : « La colonisation est une tuberculose. Elle combat tout ce qui est susceptible de renforcer l’immunité d’un corps sain. Et dans ce pays, elle administre ses lois afin d’annuler les règles islamiques. Elle a aussi commis des sacrilèges contre l’inviolabilité des lieux de culte, et combattu la foi au moyen de l’athéisme, l’enseignement par la propagation de l’illettrisme, et la langue arabe avec cette anarchie qui n’établit correctement ni expression ni réflexion » 5.
En effet, la France coloniale a déversé toute sa barbarie dans le but de déraciner tous les repères de l’Islam, de creuser des fossés insurmontables entre les Algériens et leur religion. Car, étant persuadée que les musulmans puisent leur force de leur religion, elle a donc multiplié ses manœuvres dans un sens de détruire tout ce qui est islamique, et d’ériger à la place les enseignements du christianisme. Et pour s’assurer du gel de toute source capable d’alimenter l’activité islamique, la brute coloniale s’est livrée à la dépersonnalisation de l’identité religieuse algérienne par des procédés sorciers, tels que le fait de s’accaparer des waqfs, seule ressource financière de l’enseignement religieux de l’époque ; l’usurpation des mosquées dont la majorité fut démolie (notons qu’à Alger seule, il y avait 122 mosquées et qu’en 1899 ne restaient que 5 mosquées sic! 6), alors que d’autres furent transformées en bureaux, casernes militaires, églises... Ces mosquées représentèrent des lieux de savoir et de connaissance comme le sont les écoles et les universités d’aujourd’hui !
La France coloniale a également institué, comme l’a souligné le cheïkh el Ibrâhîmî, plusieurs lois afin d’entraver et de limiter la liberté de l’enseignement et de l’apprentissage, et ce par le moyen entre autres de se mêler dans la programmation et l’établissement des méthodes d’enseignement. Elle a ainsi interdit d’enseigner le commentaire du Qour’ên, surtout les versets qui incitent au combat, entravé l’apprentissage de la langue arabe littéraire, langue du Qour’ên et de l’Islam, qu’elle a concurrencé par la propagation de l’enseignement des dialectes arabes, et donné libre cours à la prolifération des écoles françaises qui enseignaient certains enfants algériens d’une manière francisante et laïque, pour que plus tard se vanteront que leur pays est la Gaule et que leurs ancêtres sont les Gaulois !, qu’il n’existe pas de pays qui s’appelle l’Algérie tel que l’a dit un certain étudiant algérien qui a été formé dans ces écoles : « … Je n’accepterai pas de mourir à cause de ce ’’ pays algérien’’, car il n’existe même pas ! » 7. En somme, la colonisation française n’a épargné aucun effort afin d’éradiquer définitivement l’Islam des terres algériennes ; et en réalité tout ce qui a été cité n’est qu’une infime illustration des crimes et génocides physiques et moraux commis par le colonisateur français.
— Naissance et parenté de l’Imam Ibn Badis :
Ce fut dans cette atmosphère de troubles énormes et d’instabilité généralisée dans toute l’Algérie que naquit le cheikh Abd el Hamid ibn Badis, le 10 Rabî‘ Eth-Thêni 1308, correspondant au 04 décembre 1889. Son père est Mohammed Mostafa ibn Makki ibn Badis ; et sa mère est Zahîra bint Ali el Akhal ibn Djelloûl.
L’imam ibn Badis appartient à une famille très célèbre, descendante d’une tribu berbère appelée Sanhadja.
— Ses caractères physiques et moraux :
Le cheikh ibn Badis -qu’Allâh lui fasse miséricorde- était de taille moyenne, ni trop grand ni trop petit, de peau blanche, de belle allure ; son visage embelli par une barbe qui donna de l’aura à son apparence physique. Le cheikh jouissait également d’une prestance que pouvait remarquer quiconque le voit, celle-ci était due à sa dévotion et sa foi. Il s’habillait d’une gandoura et d’un burnous, et se coiffait d’un turban blanc. Ses vêtements ne descendaient jamais au-dessous de ses chevilles.
Moralement, l’imam ibn Badis était un homme séduisant et convainquant, sa science et son éloquence faisaient de lui une personne charismatique qui exerce un puissant attrait sur ses interlocuteurs, son collègue el Ibrâhîmi disait de lui à ce sujet : « Combien est puissante l’attirance qu’exerce cet homme ! » . Et de ce charisme aussi nous parle un homme qui jadis fut un de ses plus grands ennemis, du fait de leurs positions contradictoires ; cet homme est l’ancien président du parti communiste en Algérie, mais qui par la suite se résigna, et fut gratifié par la guidée divine8 et abandonna le parti communiste, il dit : « Le cheikh ibn Badis -qu’Allâh éternise son rappel- était le premier président de ‘’l’Association des Oulémas’’, il était un sermonneur fascinant, et était aussi modeste que n’importe quel enfant du peuple. Notre réformateur religieux était un guerrier pur et sage. Il n’exigeait pas q’une étape historique offre plus qu’elle n’en pouvait. Il était le père du Congrès islamique, où se réalisa l’union de toutes les tendances qui luttaient contre la colonisation…». Parmi également ses caractéristiques morales : la modestie, et l’affabilité, car c’était un homme qui aimait se rapprocher des gens et se porter humblement avec eux. D’entre les exemples qui illustrent sa modestie ce qu’a raconté Hamza Boukoucha, un de ses compagnons qui a dit : « Toute ma vie, je n’ai jamais pu le devancer par le Salem (salutation islamique) !» ; Ibn Badis était aussi un homme qui affichait son désintérêt du bas monde, refusait de se livrer à la course aux prestiges de cette vie terrestre malgré les postes importants qu’ils présidait, voire le haut statut social qu’il occupait, au point qu’il exigeait des gens qui l’invitaient à manger de ne lui préparer qu’un seul plat ! Plusieurs autres qualités spirituelles enrichissaient la personnalité de cet imam telles que le courage, la libéralité, le sérieux avéré, et la bonne gérance de son temps dans tout ce qui est propre à faire profiter les gens, et servir sa religion et sa nation ; dans ce sens un brillant témoignage vient de la part de son collègue Mohammed Khîrdin : « La vie d’ibn Badis toute entière était une vie de Djihad (combat). Il n’a jamais vécu pour lui-même ni pour personne, mais pour Allâh. 9 Comme il n’a pas aussi laissé de moment à perdre dans des affaires mondaines, d’apparence ostensible, de fonction ou de convoitise. Mais, il a passé tout son temps dans l’enseignement et la formation. En vérité, l’Algérie est redevable au Cheikh Abd el Hamid ibn Badis dans le domaine de l’éducation et l’enseignement, car il n’y a eu d’éducation ni d’enseignement que grâce à lui… »
— Son apprentissage et ses études :
Les premiers cours de l’imam ibn Badis furent dans la mémorisation du Saint Qour’ên, qu’il apprit auprès de son cheikh Mohammed el Madâsi, dont il finalisa la mémorisation à l’âge de 13 ans. Ensuite, il apprit les sciences de la langue arabe, du hadith et du Fiqh (jurisprudence islamique) ; et ce, chez son cheikh Hamdên el Wnîsi. Plus tard, après que ledit cheikh quitta l’Algérie et s’installa à Médine, la ville du Prophète, Ibn Badis, lui, se dirigea à Tunis en 1327 (1908G) et s’inscrivit à l’institut théologique Az-Zeytoûna où il étudia pendant 3 ans et obtint le certificat d’aptitude (at-Tetwî‘). Pendant cette période, le cheikh ibn Badis a eu l’occasion de faire connaissance avec plusieurs éminents savants de l’époque auprès desquels il a complété ses études, et qui ont eu une grande influence sur son comportement et son niveau intellectuel ; parmi ces derniers figurent : le cheikh Mohammed An-Nakhli, professeur du commentaire du Qour’ên ; le cheikh At-Tâher ibn ‘Âchour, professeur de littérature arabe, et le cheikh el Bachîr Safar, professeur d’histoire, tout cela en plus de ses documentations et apprentissage personnel qui lui ont permis d’avoir un excellent niveau d’instruction qui l’a aidé à surpasser tous ses condisciples, de même qu’à acquérir une vision du monde islamique et de ce qui se passait dans les pays musulmans.
Il importe ici de signaler que la sagacité d’ibn Badis et sa compétence intellectuelle ainsi que son parcours d’adolescent apprenant chez le cheikh el Wnîsi lui ont permis d’écourter son cursus à le mosquée Az-Zeytoûna, car en vérité les études dans cet institut se faisaient pendant un cycle de 7 ans, mais l’étudiant ibn Badis a réussi à accéder directement à la 4ème année.
Ensuite, Allâh -Très-Haut soit-Il- lui accorda la grâce d’aller accomplir le hadjdj en l’an 1331 (1913G), où il y retrouva son professeur le cheikh Hamdên ; et fit la connaissance avec quelques savants de Médine dont le cheikh Housseyn el Hindi. À cette période, son cheikh Hamdên lui recommanda d’émigrer à Médine, mais le cheikh el Hindi le déconseilla et l’exhorta de retourner en Algérie afin de s’occuper de la prédication, de faire front aux hérésies et leurs adeptes10, et de combattre le colonisateur. Aussi, ce fut pendant ce séjour à Médine que le cheikh a connu son ami dans la prédication et la réforme, l’érudit Mohammed el Bachir el Ibrâhîmi, avec qui il a noué une forte relation fraternelle, et y ont passé trois mois ensemble se rencontrant toutes les nuits à partir de l’après salat d’el ‘Ichê’ jusqu’aux premiers moments de l’aube. Durant ces retrouvailles, les deux cheikhs discutaient de la situation intenable en Algérie, et recherchaient les moyens les plus efficaces afin d’y lancer leur grande entreprise scientifique, de renouveau religieux et d’instruction du peuple, les jeunes notamment, sur des bases islamiques correctes et solides. Ainsi, ils s’accordèrent sur l’objectif de concentrer leurs efforts pour dispenser un enseignement qualitatif et non quantitatif, dont la finalité serait de restaurer les pratiques, les valeurs et les normes que le colonialisme a ravagées.
Après son séjour au Hedjaz, il voyagea en Syrie, au Liban puis en Egypte où il demeura pendant quelques temps et connut certains savants égyptiens, tels que le cheikh Mohammed el Motî‘i, Mohammed ‘Abdou et Rachid Rédha. Sa rencontre avec le premier déboucha sur une licence scientifique [idjêza ‘ilmiyya], qu’il lui décerna suite à sa lecture d’un courrier qu’ibn Badis lui remit de la part de son cheikh Hamdên el Wnîsi.
— Les grandes œuvres d’ibn Badis :
En vérité, énormes et très nombreuses sont les œuvres qu’a réalisées l’imam ibn Badis -qu’Allâh lui accorde Sa miséricorde- ; celles-ci ont touché à tous les plans : religieux, social, culturel, économique et politique. Mais, tous ses travaux se sont cristallisés et répandus dans le cadre de « l’Association des Oulémas Musulmans Algériens», qu’il fonda, en compagnie de ses collègues et à leur tête l’imam Mohammed el Bachir el Ibrâhîmi, en 1931 ; quoique le début de son activité sur le terrain dans le domaine religieux remonte à son retour en Algérie en 1913 avec des cours qu’il dispensait à Constantine dans la mosquée « el Djêmi‘ el Akhdhar » 11.
Citant « l’Association des Oulémas », le cheikh el Ibrâhîmi décrit, quinze ans après son ouverture, les lourdes responsabilités dont elle se chargea d’accomplir par ces termes : « … jusqu’à ce que l’Association des Oulémas Musulmans Algériens a été constituée depuis quinze années. Une constitution naturelle comme si elle était une conséquence inévitable de la situation qui régnait ; elle a ainsi œuvré pour la réforme de l’Islam entre les musulmans, et la revendication de ses droits usurpés ainsi que la liberté de sa langue spoliée ; ce qui a fait entendre au colonisateur, et pour la première fois de sa vie dans ce pays, une nouvelle euphonie à laquelle ses oreilles ne se sont pas accoutumées ; l’Association a appelé à la vérité avec force, et réclamé justice avec logique. Le colonisateur a donc senti le retour de la vie (à ce peuple) et sa prise de conscience islamique ; mais il n’a pas regardé à tout cela comme étant un droit naturel et raisonnable ! »12
Cela étant dit, les divers et variés travaux effectués par ibn Badis pourraient être sommairement énumérés comme suit :
1. L’enseignement et l’éducation, par lesquels il affronta inébranlablement les projets coloniaux de franciser les Algériens par le biais des études.
2. Les voyages et les déplacements à travers les différentes régions du pays.
3. La presse dans laquelle il mit en action à grande échelle le programme de sa réforme sous la forme d’articles et de séries d’écrits sur des sujets divers.
4. La naturalisation. Le cheikh a combattu par les moyens qu’il avait en sa possession et puisant des sources de l’Islam la politique d’intégration à laquelle s’est livrée la France coloniale, dont l’octroi de la nationalité française représentait une de ses démarches de premier plan.
5. La construction de mosquées dans les différentes villes algériennes.
6. L’ouverture de plusieurs annexes et bureaux dépendants de « l’Association des Oulémas ».
7. La construction et l’ouverture d’écoles libres édifiés sur les fondements de l’Islam, et de clubs scientifiques dans plusieurs régions du pays.
8. Une production livresque dont figurent quelques titres sur des thèmes variés tels que : « l’Exégèse », l’explication des hadiths, la croyance, les fondements du Fiqh…
— La croyance de l’imam ibn Badis :
L’imam Ibn Badis -qu’Allâh lui fasse miséricorde- était un érudit Salafi, attaché à la pratique du Noble Qour’ên et de la Sounna authentique, tout en s’appuyant sur la compréhension des pieux prédécesseurs [Es-Self As-Sâlih] dans ces deux sources. Lui-même revendiquait cela à maintes reprises, comme par exemple dans la citation suivante que l’on trouve à la fin de son livre intitulé «Riçêlatou djawêbi sou’êlin ‘an soû’i maqêlin » ; il dit : « Sachez -qu’Allâh fasse que vous soyez du nombre des bons connaisseurs ; qu'Il vous accorde le plaisir de discerner les choses et de les comprendre ; qu’Il vous embellisse avec la noblesse du suivi (du Prophète ) et vous épargne l'avilissement de l’innovation - que : partout et à chaque époque, il incombe à chaque musulman d’avoir, au fond du cœur, une croyance apaisante. Il l'évoquera constamment avec la langue, et construira toutes ses œuvres sur elle. Celle-ci consiste à considérer que : la religion d’Allâh –Très-Haut soit-Il- et ce qu'elle renferme parmi les thèmes (articles) de la foi, les piliers de l’Islam et les voies de l’excellence, n’est, en vérité, que dans le Qour’ên, la Sounna authentique et la pratique des pieux prédécesseurs. C'est-à-dire : les Compagnons, les successeurs et leurs suiveurs… »13.
— Sa mort et son enterrement :
Le cheikh Abd El Hamid Ibn Badis, décéda, après une vie pleine de glorieuses œuvres, au soir du mardi 9 Rabî‘ el Awwel 1359, correspondant au 16 Avril 1940. Il fut enterré dans la prairie de sa famille, à la cité des Martyres près du cimetière de Constantine.
Puisse Allâh -Le Très-Haut- lui attribuer une vaste et grande miséricorde, et qu’Il vienne en aide aux musulmans pour suivre les traces de leurs hommes de science, de piété et de réforme, âmin !
…………………….
1. Cette citation appartient à l’imam Ahmed ibn Hanbal dans son livre : « ar-radd ‘ala-l Djehmiyya », tirée du livre de l’érudit Sâleh el Fawên, adwâ’ min fatâwa ibn Taymiyya fi-l ‘aqîda, 1er tôme, 2ème éd, 1425, dâr ibn el Djewzi, Ryadh, Arabie Saoudite.
2. Rapporté par Aboû Dâwoud, Ibn Mêdja, Ahmed et d'autres.
3. Le terme Salafi signifie tel que le définissent les savants de la Sounna : musulman pratiquant l’islam selon la conduite des Selef c'est-à-dire les pieux prédécesseurs. Autrement dit, c’est d’être un musulman qui se réfère, dans la pratique de la religion, au Livre d’Allâh, le Saint Qour’ên et à la Sounna authentique, et, suivant la compréhension et la pratique des pieux prédécesseurs de cette Nation, qui eux, sont les générations des trois premiers siècles méritoires desquels le Prophète a dit : « Les gens les plus bénéfiques sont ceux de mon siècle, puis ceux qui viendront après eux, ensuite ceux qui viendront après eux ». Unanimement jugé authentique [mouttafeq ‘aleyhi]. Consulter pour d’éminentes connaissance sur ce sujet, notre traduction de l’opuscule de notre cheikh Abd El Ghani Aoussat, intitulé Le suivi des pieux prédécesseurs, une voie qui mène à la vraie réforme et au Salut, éd. dâr imam Malik, 2008.
4. Voir la revue el Islâh, n° 1, pp. 52-53, éd, 2007, dâr el Fadhila, Alger, Algérie.
5. Ibid.
6. Thèse de doctorat, intitulée at-atnsîr wa mawqifouhou mina-nahdha el hadhâriyya el mo‘âsira fi-l Djazê’ir, par S’îd ‘liwan, p. 103, année universitaire, 2001/2002, université islamique de Constantine.
7. Voir pour toutes les informations historiques citées dans cet article l’ouvrage Abd El Hamid Ibn Badis, el ‘âlim ar-rabbêni wa az-za‘îm as-siyêsi, Mêzin Sâlih Motabbaqâni, éd, 2005, Alem el afkar, Alger, Algérie.
8. Guidée divine que nous souhaitons, aujourd’hui après des générations qui succédèrent à la réforme d’ibn Badis, à des gens qui, hélas ! persistent à suivre les sentes et les voies contraires à l’islam, des sentes que leur a frayées et laissées la brute coloniale en héritage, et quel héritage s’ils en savaient ! Puisse notre Seigneur les guider au droit chemin, car qu’espérions-nous de bénéfique aux musulmans de personnes qui revendiquent l’abolition du code de la famille ?! Code qui puise dans la majorité de ses articles des principes de l’Islam. N’en plaise à Allâh ! N’y a-t-il pas là un retour aux méthodes coloniales dans le dépouillement du peuple de son identité islamique, voire de sa religion ?!
9. Lire à ce propos un article qui a été écrit par ibn Badis sous le titre « pour qui vis-je ? », publié au 5ème n° de cette revue, p. 65.
10. Pour prendre connaissance du combat de l’imam ibn Badis et de l’Association des Oulémas contre un type d’hérésies, se référer à notre traduction Le jugement religieux sur les festins et offrandes réalisés autour des tombes, de son éminence Ch. Ahmed Hammânî, éd, 2009, dâr el Fadhila, Alger.
11. el feth el ma’moûl fi charh mabêdi’-el osôl, le texte original par l’imam ibn Badis, annotation et commentaire par Pr. Mohammed Ali Ferkous, 1ère éd, 1421, Dâr ar-Raghê’ib wa-Nafê’is, Alger, Algérie.
12. Revoir la note 4.
13. Riçêlatou djawêbi sou’êlin ‘an soû’i maqêlin, de l’imam ibn Badis, entretenue par le Ch. Aboû Abd Ar-Rahmên Mahmoûd, 1ère éd, 1426, Alger, Algérie.