L’INVITATION DU M’ZAB :LES IMPRESSIONS DE BENNABI

Par: Sifaoui Abdelatif-

Mai 1968, Bennabi entreprend  une visite de quelques jours dans la région du M’zab.

Il revient à Alger, enchanté et émerveillé par cette région, par sa population et surtout séduit par les « conditions psycho-sociales « qui font du milieu Mozabite une authentique « micro-civilisation ».

Il est impressionné à tel point qu’il incitera et exhortera notamment  les jeunes étudiants de la région  de consacrer une partie de leurs thèses à ce sujet.

En fait, il est certes émerveillé, mais non complètement étonné, il savait, ce que peu de gens savait à l’époque, à savoir que la première Médersa construite dans le pays pour faire face à l’entreprise de dépersonnalisation,  le fut à Tébessa, grâce à l’effort concerté de Abbas Ben-Hammama et deux commerçants mozabites de la ville.

Lors de son séjour, il ne manquera pas de  rendre visite au cheikh Abou El Yakhdan (1888-1973), alité et malade, le considérant comme l’un des plus marquants continuateurs de l’œuvre du Cheikh Tfaich(1821–1914)

Il dira de ce dernier « cet éminent érudit avait une notoriété qui dépassait largement les limites du M’zab et les frontières Algériennes », en rappelant au passage que, Soleiman El Barouni (1872-1940), une des figures emblématique de la résistance libyenne à l’occupation italienne, n’était encore qu’un de ses élèves:  un fait fort significatif, comme le soulignera Bennabi lui même.

Bien sur , Bennabi, ne manquera pas aussi de rendre visite , à ce monument de la culture et du savoir qu’est l’institut islamique de Grara , qui « sous la direction agissante du Cheikh BAYYOUDH »(1899-1981), un des fondateurs de l’Association des Oulémas Musulmans,  et l’une des grandes figures du nationalisme Algérien, prolonge le courant , initié par Cheikh Tfaich,dans cette phase postrévolutionnaire. Il rencontrera les élèves de cet institut à plusieurs reprises, et il dira d’eux « cette jeunesse studieuse, continuatrice d’une tradition, n’est pas indifférente aux problèmes de l’époque, elle les aborde seulement avec le souci de ne pas faire sauter les garde-fous.

Justement, c’est grâce ces garde-fous, selon Bennabi, que la petite société du M’zab, a pu réaliser et réussir son passage de l’ère médiévale à l’époque moderne. Ce passage réussi, amène Bennabi à affirmer avec force la règle suivante à savoir  « Avant qu’une société songe à adopter des nouvelles formes évoluées, il faut qu’elle songe à garder sa substance, à conserver son existence, c’est cela l’ordre de priorité ».
Ces impressions livrées par Bennabi, ne sont selon lui qu’un abrégé de ses impressions, mais il en est une sur laquelle il tenait  à la mettre en exergue, et qu’il présente ainsi: « Un Algérien ne doit pas aller au M’zab avec une caméra ou un appareil photographique, comme un touriste à la recherche de pittoresque, de couleur locale. Il faut y aller avec une conscience de déchirer certains voiles. Quand on les déchire, on trouve au M’zab du nouveau. Mais du nouveau qui est notre ».

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