Mohammed Salah Ramadhan, figure exemplaire du réformisme musulman algérien ?

Par : Mustapha Haddab-

Le mouvement réformiste algérien a fait l’objet d’études nombreuses et variées quant à leur forme et leurs thématiques ; celles- ci ont porté aussi bien sur la période qui a précédé la fondation en 1931 de l’Association des Oulémas Musulmans d’Algérie, (désormais AOMA), que sur celle qui a suivi cet acte d’institutionnalisation.

Cette importante production de textes concernant le Réformisme algérien n’a pas à notre connaissance fait l’objet d’une analyse et d’une évaluation systématiques ; il semble toutefois possible de relever d’ores et déjà un trait de cette « littérature », à savoir qu’elle s’est consacrée principalement aux dirigeants réformistes les plus illustres de ce mouvement, leur nombre ne dépassant guère la dizaine, négligeant des acteurs moins en vue, dont une bonne restitution de la trajectoire intellectuelle et sociopolitique, pourrait permettre d’approfondir la connaissance des caractéristiques sociologiques de ce mouvement.

Mohammed Salah Ramadhan (1913-2008)(1) semble ainsi être représentatif de toute une catégorie d’intellectuels organiquement liés à l’AOMA et qui, dans une discrétion relative, ont fortement contribué à la construction institutionnelle, intellectuelle, idéologique et politique de cette association. C’est notamment à leur action qu’est due pour une grande part l’extension et la solidité de l’implantation locale des institutions de cette association, et l’influence exercée sur les leaders d’opinion et les notables locaux liés à diverses catégories de populations comme les commerçants, les artisans, certains fonctionnaires, etc.

Nous voudrions ainsi tenter de préciser la nature des facteurs et des conditions sociologiques spécifiques qui paraissent avoir contribué à prédisposer Mohammed Salah Ramadhan à se joindre aux disciples d’Ibn Badis à Constantine en 1934, et à lier complètement sa vie à celle de l’AOMA, à partir de cette date. Nous examinerons ensuite les caractéristiques de l’action et de la carrière qui ont été celles de Mohammed Salah Ramadhan au sein de cette Association jusqu’en 1956, date de sa dissolution par l’Administration française, en tentant de mettre au jour les liens de cette trajectoire avec la constitution progressive des composantes doctrinales du mouvement réformiste algérien. Durant la guerre d’indépendance, puis après 1962, les activités professionnelles et les publications de Salah Ramadhan continuent, tenterons-nous de montrer, à être largement inspirées par la culture réformiste ; une lecture de ses principaux écrits publiés nous permettra d’apprécier le degré auquel sa confrontation aux réalités de l’Algérie indépendante a introduit dans sa culture et ses aspirations des infléchissements significatifs.

El Kantara, une ville traversée de courants de culture

Jusqu’à son départ pour Constantine à l’âge de 21 ans, M. S. Ramadhan a vécu dans la petite ville d’El Kantara, où il est né en 1913. El Kantara se trouve dans l’actuelle wilaya de Biskra ; cinquante kilomètres la séparent de Biskra ; elle est éloignée de la même distance de la ville de Batna. De la population d’El Kantara, M.S. Ramadhan dit qu’elle était composée quasi totalement de natifs de cette ville. Les personnes « étrangères » à cette localité se comptaient, précise-t-il, sur les doigts de la main ; il s’agissait de quelques instituteurs européens ou algériens, de deux peintres attirés par la beauté des paysages qui l’entouraient et de quelques gendarmes.

Dans les années vingt, période où M. S. Ramadhan atteignit l’âge de la scolarisation, El Kantara disposait d’une école primaire. Il y est inscrit et il parvient à l’année de préparation du Certificat d’Etudes Primaires. Il n’est pas autorisé à s’inscrire à l’examen du Certificat en raison d’une attitude discriminatoire à son égard de son instituteur. Il exigeait en particulier de ses élèves qu’ils ne suivent pas parallèlement à l’école publique un enseignement d’arabe dans un établissement libre. L’attitude hostile et arbitraire de cet enseignant français a fortement contribué, nous dit M.S. Ramadhan, à le décider à s’éloigner de la langue et de la culture françaises, à s’en désintéresser et à s’orienter vers l’étude quasi exclusive de la langue et de la culture arabes. « C’est depuis ce jour que s’est formé en moi un complexe négatif vis-à-vis des Français et de leur langue. » écrit-il.(2)

Parallèlement à sa scolarisation à l’école publique(3), S. Ramadhan suivait l’enseignement d’une école libre. En plus de sa fréquentation de cette école, au sujet de laquelle les écrits disponibles de S. Ramadhan ne fournissent pas beaucoup d’informations, il suivait des cours que donnait à la mosquée Mohamed El Amîn Soltanî. Ce dernier, précise S. Ramadhan, est le frère de Abdelatif Soltani(4) qui a été l’un des dirigeants de l’AOMA et qui a acquis une importante notoriété dans les années quatre-vingt-dix par le radicalisme de ses opinions et de ses actions au sein du mouvement islamiste. M. S. Ramadhan dit ainsi avoir reçu de Mohammed El Amîn Soltani des enseignements de langue arabe, de jurisprudence, et d’exégèse coranique.

Après son départ de l’école communale le caractère informel de son éducation a tendu à s’accentuer. Il est en effet devenu ouvrier dans un atelier de menuiserie, dont le patron était « … un notable réformiste ». L’existence d’une certaine affinité entre la catégorie des artisans, avec les spécificités de statut et d’importance numérique qui étaient les siennes durant les premières décennies du XXe siècle en Algérie, et d’autre part l’idéologie des lettrés dont beaucoup allaient rejoindre l’AOMA à partir de 1931, semble établie. Tout en assumant ainsi son travail à la menuiserie S. Ramadan bénéficiait de la présence dans l’entourage de son employeur, et aussi de sa famille, de lettrés impliqués dans les mouvements religieux et culturels précurseurs de la fondation de l’AOMA. M. S. Ramadhan évoque ainsi l’influence qu’a eue sur lui le « mari de sa tante, qui était aussi l’ami de son père », et qui était un proche de Lamine Lamoudi. Ce parent lui avait en particulier fait connaître la poésie de Lamine Lamoudi. « Je connais encore par cœur beaucoup de pièces poétiques de Lamoudi » note ainsi M.S. Ramadhan en 2007.(5)

El Kantara des années vingt et trente était dans le champ de la dynamique intellectuelle que la ville de Biskra toute proche avait connue à cette époque. « Biskra, écrit ainsi S. Ramadan, a été un temps un foyer de rayonnement culturel et le berceau d’une renaissance littéraire qui en faisait la rivale de Constantine et d’Alger. Biskra, ajoute-t-il abritait une élite de lettrés, d’intellectuels, de juristes (foukahâ) et d’étudiants venant du Souf, de Oued Righ, du M’zab. ». Cette ville, note encore S. Ramadan, abritait des personnalités comme « …cheikh Tayeb El-Okbi, Lamine Lamoudi, le docteur Saadane, Mohammed El-Aïd Al Khalifa, Mohammed El-Azhari, Mohammed El-Hadi es-Senouci, El-Djouneidi, Ahmed Mekky, Ahmed Ibn El-Abed El-Okbi, Mohammed Kheir-Eddine, Hamza Boukoucha, Ali Ben Anane, Omar ben Elbeskri, El-Boudali Safir, Mohammed Abbassa, El-Azouzi Houhou, Ahmed ben ed-Darradji, Ali el- Mizabi, Mohammed El-Traboulsi, …, Belkacelm El-Ghousseiri… »(6)

Omar Carlier a montré l’important rôle joué par ces lieux de rencontre (naouâdî, cafés, etc.), dans (…)

Bien qu’il ait cessé très jeune de suivre l’enseignement d’institutions éducatives structurées, M. S. Ramadhan a continué à élargir sa culture et à consolider sa maîtrise de la langue arabe. Il évoque ainsi par exemple les rencontres qui se tenaient lors de veillées qui réunissaient autour de son patron menuisier, et aussi lettré arabisant, des personnalités, la plupart d’entre elles proches du courant réformiste, et dont les propos sur les évènements culturels et religieux du moment l’instruisaient(7). « Ces veillées, écrit ainsi M.S. Ramadhan, ont été pour moi une sorte d’école… Elles ont contribué à me former avant que je rejoigne Ibn Badis »8.

A Constantine auprès d’Ibn Badis

C’est muni de cette instruction pour une grande part autodidactique et informelle, que S. Ramadan se rend en octobre 1934 à Constantine auprès d’Ibn Badis9. Il suit assidument pendant trois années les enseignements donnés par ce dernier, en particulier les séances régulières qu’il consacrait à l’exégèse coranique, et aux cours qu’il donnait sur le « Mouatta » de l’imâm Malek. Ces trois années d’apprentissage auprès d’Ibn Badis ont constitué un processus d’intégration définitive de S. Ramadan à l’univers du mouvement réformiste et à l’AOMA. On serait tenté d’affirmer qu’il devient une sorte d’oblat de cette association(10). Contrairement à beaucoup d’autres lettrés ayant appartenu à l’association réformiste ou ayant été formés par celle-ci, M.S. Ramadan n’a pu ajouter à sa formation badisienne celle d’autres institutions du Maghreb ou de l’Orient arabe. Il n’a pas non plus séjourné ni étudié à l’extérieur de l’Algérie, pendant la lutte de libération nationale.

Ibn Badis lui confia un enseignement dans une école de l’Association à Constantine, après qu’il ait eu suivi ses cours durant seulement trois années(11). M. S. Ramadan n’a cessé depuis lors d’« assumer diverses fonctions et tâches dans les institutions de cette Association, jusqu’à sa dissolution en 1956 par les autorités coloniales. Après 1962, la reprise officielle des activités de l’Association n’ayant pas été autorisée, il s’intègre, comme beaucoup d’autres lettrés de la mouvance réformiste, à différentes structures officielles relevant principalement des Affaires religieuses, puis de l’Eduction nationale.

Parce que le nombre de lettrés qui s’étaient joints à elle ou qui avaient déjà été formés par elle était, dans les années trente, réduit, l’Association était contrainte de confier des tâches diverses et en particulier des tâches pédagogiques à des personnes dont la formation n’avait pas été approfondie(12). En plus des fonctions d’enseignant qu’il eut à assumer dans l’école d’«éducation et d’enseignement » de Constantine, M. S. Ramadhan fut une sorte d’assistant d’Ibn Badis, chargé de donner deux séances quotidiennes de cours à des étudiants de première année dans une dépendance de la Mosquée Verte.

Mohammed Salah Ramadhan pédagogue

M. S. Ramadan n’a cessé d’exercer depuis cette période des fonctions et d’accomplir des travaux pédagogiques diversifiés : activités d’enseignant, de gestionnaire d’institutions éducatives, d’inspection, de rédaction d’ouvrages scolaires, etc. Il a ainsi pris une part très active à la mise en place du réseau d’établissements d’«éducation et d’enseignement » que l’Association des oulémas a réussi à développer durant les années trente à cinquante, malgré toutes les difficultés liées à l’hostilité de l’administration coloniale, et la surveillance constante à laquelle celle-ci soumettait l’ensemble des activités de cette Association(13).

La carrière de M. S. Ramadhan dans les institutions éducatives de l’AOMA, après sa période constantinoise, est liée aux efforts entrepris par les dirigeants de cette Association pour étendre son influence à l’Ouest de l’Algérie et pour éviter que celle-ci ne se limite à l’Est du pays, en particulier autour de ce pôle réformiste qu’était devenue Constantine(14). On lui confia ainsi en 1944 la gestion de l’école de Relizane, charge qu’il occupa, tout en assumant celle d’inspecteur général, jusqu’en 1946. Cette activité pédagogique dans l’Oranie culmine avec sa désignation à la tête de « Dar El Hadith » à Tlemcen en 1946(15).

L’institution « Dar el hadith » a été fondée en 1937 à Tlemcen par El- Bachir El-Ibrahimi qui fut son premier directeur ; elle était en particulier destinée à accueillir les élèves qui dépassaient le niveau d’instruction donné dans les écoles d’«éducation et d’instruction », dont le mouvement réformiste avait suscité la création dans différentes villes ou localités du pays. Son inauguration donna lieu à une grande cérémonie présidée par Ibn Badis, et a constitué une occasion pour les dirigeants de l’Association d’exposer les principes qui l’inspiraient, son mode d’organisation et ses ambitions sociales et implicitement politiques. Cet établissement dut toutefois fermer ses portes dès après son inauguration, l’administration coloniale ayant empêché son entrée en activité. Cette décision de fermeture fut appliquée durant cinq années. Cette institution ne put ouvrir qu’en 1942, après l’arrivée des alliés en Afrique du Nord. Après que El-Bachîr El-Ibrahîmî eut été choisi pour succéder à Ibn Badis à la tête de l’AOMA, et qu’il s’installa à Alger, M. S. Ramadan assuma les fonctions de directeur de Dar el Hadith de 1945 à 1953.

L’importante activité pédagogique qu’il y déploya, en tant qu’administrateur et enseignant, était très représentative de la conception que les réformistes algériens avaient des finalités de l’éducation et des contenus que celle-ci devait transmettre dans le contexte de l’occupation coloniale. Cet établissement délivrait, en fin de cursus, un « certificat d’études primaires ». Ainsi, en 1952 nous informe M. S. Ramadhan, 123 élèves ont obtenu cet examen, dont 35 issus de « Dar el Hadith ». Les établissements scolaires de l’Association visaient à faire acquérir à leurs élèves un bon niveau de connaissance et de pratique de la langue arabe, et à leur inculquer une éducation religieuse qui ne se fondait plus, comme dans les zaouias sur l’apprentissage par cœur de la totalité du texte coranique, mais plutôt sur l’apprentissage d’un ensemble de sourates qui font l’objet d’éclaircissements. On s’est aussi soucié dans ces écoles d’enseigner des rudiments d’histoire et de géographie(16) de l’Algérie dans le but, en particulier, de tenter de remédier à l’ignorance quasi-totale dans laquelle étaient maintenus dans cette matière les élèves des écoles de l’administration coloniale. Mohammed Salah Ramadhan cite volontiers dans ses écrits des passages de textes d’El-Bachir El-Ibrahimi dans lesquels celui-ci insiste sur la primauté qui doit être donnée à l’éducation morale dans les écoles de l’Association. « El-Ibrahimî écrit ainsi M. S. Ramadhan, considérait que l’éducation religieuse dans les écoles doit être obligatoire, au même titre que les sciences, la littérature et le calcul, car le besoin qu’a la nation en hommes d’une solide formation religieuse et morale, et d’un très bon comportement général est plus important qu’en savants dont la foi et la moralité seraient faibles … »(17). La pédagogie « mixte » mise en œuvre par l’Association des oulémas, durant environ un quart de siècle, en Algérie, dans laquelle des éléments empruntés à l’école française (utilisation d’un mobilier scolaire de type occidental, programmation horaire des enseignements, diversification des matières enseignées, etc.) sont combinées à des éléments de la pédagogie traditionnelle (apprentissage « par cœur » de sourates, apprentissage des pratiques rituelles, initiation à l’exégèse coranique, etc.) a conduit à la formation de plusieurs promotions d’intellectuels maîtrisant l’usage de la langue arabe à un niveau élevé, et porteurs d’un habitus culturel où l’imprégnation religieuse cohabite avec la volonté de s’intégrer, aux plus hauts niveaux possibles, aux institutions de l’Algérie post-coloniale.

Parmi les aspects de « modernisation » de l’enseignement donné dans le réseau d’écoles réformistes, appliqués par S. Ramadan à l’Institut « Dar-el-Hadith », on peut évoquer la pratique du chant, celle d’une certaine forme de mixité, différentes activités d’animation culturelle, etc.

Dans le travail pédagogique de M. S. Ramadhan, le recours au chant, comme moyen d’éducation linguistique, morale et politique, figure en bonne place. Les chants et les hymnes exécutés dans les chorales formées dans les établissements réformistes et dans « Dar-el-Hadith » étaient très souvent des pièces poétiques (kasaïd) écrites par des membres du corps enseignant relevant de l’Association, ou de lettrés proches de celle-ci. M. S. Ramadhan a ainsi composé lui-même un nombre considérable de textes en vers dont certains étaient destinés à être chantés(18). C’est le cas par exemple du texte qu’il a écrit pour le groupe scout auquel il s’était joint en 1936.

Activités au sein du mouvement scout

A côté de son activité d’enseignant, d’inspecteur, ou d’administrateur d’établissement scolaire, S. Ramadan a déployé, plusieurs décennies durant, une activité considérable au sein de groupes de scouts qui étaient sous l’influence de l’AOMA. Il apparaît ainsi que, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, Salah Ramadan s’est exclusivement consacré à l’Association et aux organisations inspirées ou influencées par celle-ci. Il fait ainsi lui-même le récit des circonstances dans lesquelles il est entré dans le scoutisme : « Le 27 mai 1935, s’est formé à l’initiative d’un groupe de jeunes algériens réformistes, à Constantine, une association algérienne de scoutisme comprenant des enfants de familles respectées dans la ville, comme les familles Bellatar, Belamouchi, Beloucif, Beldjoudi, Ibn Chabane, Ibn Teliss ; ils constituèrent ainsi un groupe scout qu’ils ont appelé le "groupe el-radjâ" ; ils se placèrent sous la présidence d’honneur du cheikh Ibn Badis… » « J’ai rejoint ce groupe, poursuit S. Ramadan, en tant qu’éducateur et conseiller(1936) »(19). C’est ainsi, dans le cadre de ses activités dans les groupes de scoutisme du constantinois, qu’il s’est rendu en 1951 en Espagne, et en 1955 à Varsovie, où il a participé au Festival Mondial de la Jeunesse.

Cette activité multiforme, assumée dans le cadre de l’Association des oulémas, s’est poursuivie jusqu’à la cessation des activités de cette dernière en 1957, environ trois années après le début de la lutte de libération nationale, « …conformément, écrit S. Ramadan… à l’ordre du Front de Libération Nationale, d’intégrer toutes les organisations, associations et partis à la révolution… »(20).

Durant les années de la guerre de libération nationale, Mohamed Salah Ramadan n’a pas quitté l’Algérie ; il s’est installé dans le quartier de Kouba où il a assumé des activités clandestines : il a été, dit ainsi de lui Ahmed Hamani, membre de la section FLN de Kouba, et membre du tribunal civil du Front pour la capitale, et a accompli des missions qui lui avaient été confiées par la wilaya II, puis par la Wilaya VI(21).

Après l’indépendance

Dans les activités qui ont été les siennes après l’indépendance on peut distinguer deux périodes, celle où M.S. Ramadhan occupe des fonctions assez élevées dans la hiérarchie administrative de l’Etat qui se construit puis celle où il choisit d’être professeur de langue arabe au lycée Hasssiba Ben Bouali, de Kouba, sans toutefois renoncer à faire partie de différentes structures comme le Haut Conseil Islamique ou le Comité Central du FLN ou encore l’Union des Ecrivains Algériens , et aussi à avoir une activité de conférencier et d’écrivain.

Son premier poste paraît se situer dans le droit fil de la carrière qui avait été la sienne au service de l’AOMA : il est en effet nommé dès octobre l962 au poste de directeur de l’enseignement religieux au Ministère des Habous (devenu plus tard ministère des Affaires Religieuses). A ce titre, il prend une part importante à la mise sur pied des premiers Instituts Islamiques. Pour assurer l’encadrement pédagogique de ces instituts, il fait appel à des enseignants de différentes nationalités arabes, dont beaucoup d’Egyptiens souvent issus d’El Azhar(22).

Le ministère des Habous avait à sa tête au moment où S. Ramadan y occupait un poste de direction, Tewfik el Madani, qui avait été l’une des personnalités les plus en vue de l’Association des Oulémas. M.S. Ramadhan quitte le Ministère des Habous dès octobre 1964 pour gagner celui de l’Education Nationale, où il prend un poste de professeur de langue arabe au lycée de jeunes filles Hassiba Benbouali. M. S. Ramadhan, qui aurait pu en raison de son remarquable parcours dans l’Association des Oulémas, prétendre à occuper des postes élevés dans l’Administration ou dans les structures du Parti Unique, choisit de vivre loin des « feux de la rampe ». Il aurait pu aussi comme l’ont fait plusieurs intellectuels de sa génération ayant appartenu à la mouvance réformiste, s’engager dans une carrière universitaire. Ce parti pris de réserve était-il seulement lié à des caractéristiques du tempérament de Salah Ramadan et faut-il s’arrêter aux explications qu’il en donne lui-même, à savoir qu’il voulait disposer de beaucoup de temps à consacrer à l’éducation de ses enfants, ou bien représente-t-il une prise de position plus fondamentale ? M. S. Ramadhan n’a certes pas renoncé à prendre part, en plus de l’exercice de sa profession d’enseignant(23), à des activités diverses au sein d’institutions officielles ou quasi-officielles (il a ainsi été membre du Haut Conseil Islamique dans les années quatre vingt, membre du Conseil National de la Culture en 1990, membre de la Commission Nationale de l’UNESCO pour l’Algérie). Il a occupé néanmoins ces diverses fonctions avec une certaine discrétion. Durant le temps où il a exercé son métier de professeur, puis pendant ses années de retraite (de 1980 à 2008, année de sa mort), M.S. Ramadhan a fait éditer ou rééditer des textes de différentes sortes composés à des moments différents de sa vie. Ainsi entre 1964 et 2007, on ne compte pas moins de 22 publications, allant du recueil de poèmes dont certains remontent aux années trente, au récit de voyage ou à la réédition de manuels scolaires ou encore de recueils de conférences.

Persistance de la culture réformiste

La multiplicité et la diversité de ces textes, dont les dates de parution jalonnent toute la vie d’adulte de leur auteur, offrent l’avantage de pouvoir s’interroger sur le degré auquel les caractéristiques de la culture réformiste très tôt assimilée par lui, ont continué à déterminer, même après 1962, c’est-à-dire dans un contexte sociopolitique très différent, ses jugements éthiques, culturels et sociopolitiques.

On peut ainsi noter par exemple que l’admiration qu’il a toujours manifestée pour les principaux dirigeants de l’Association est restée entière jusqu’à la fin de sa vie. Nombreuses sont également les personnalités de sa génération ou plus jeunes que lui, ayant appartenu au mouvement réformiste, avec lesquelles il n’a cessé d’entretenir des relations de travail et d’amitié.

Au sommet de ce panthéon se trouve bien entendu Ibn Badis, dont il avait été très proche de 1934 à sa mort en 1940. Mohammed Salah Ramadhan a été le premier lettré de la mouvance réformiste à éditer ou rééditer, après 1962, des textes d’Ibn Badis. Il fait publier ainsi en 1966 sous le titre de « tafsîr Ibn Badis » le commentaire du Coran que ce dernier avait exposé à ses élèves durant environ vingt ans à Constantine et que Mohammed Salah Ramadhan avait en partie suivi(24).

Parmi les autres dirigeants, c’est à El-Bachir El-Ibrahimi, dont Salah Ramadan avait été très proche jusqu’à son départ pour le Moyen Orient en 1953, qu’il voue la considération la plus grande. Il évoque souvent, à diverses occasions après 1962, en des termes dithyrambiques l’œuvre accomplie par El-Ibrahimi à la tête de l’Association, en particulier l’extension et la consolidation du réseau scolaire de celle-ci, le renforcement de l’influence de la presse réformiste, etc. A travers cette insistance sur les qualités d’organisateur et d’écrivain virtuose de la langue arabe, c’est son attachement fondamental à la culture réformiste badisienne que M. S. Ramadhan exprime.

La fidélité à cette culture n’inclut néanmoins pas d’animosité particulière vis-à-vis de la société algérienne postcoloniale, et de ses instances étatiques qui n’ont pas autorisé la survie institutionnelle de l’Association et qui n’ont recueilli que partiellement l’héritage culturel de celle-ci.

Les jugements de M.S. Ramadhan manifestent souvent tout à la fois de la fidélité à l’œuvre de l’Association et aussi une certaine tolérance vis-à-vis des courants intellectuels se différenciant des principes ou de l’éthique du mouvement réformiste algérien, ou de l’évolution de personnalités ayant appartenu à l’Association.

Significative est à cet égard son interprétation de la prise de distance de Tayeb El-Okbi par rapport à l’Association des oulémas, à partir de 1938. Tout en faisant observer que ce dernier n’a jamais formellement rompu avec l’Association, il souligne que malgré le choc qu’a constitué pour lui son emprisonnement en août 1936, à la suite du meurtre du muphti malékite d’Alger le cheikh Mahmoud ben Daha dit Kahoul, il a poursuivi son œuvre d’éducateur religieux que rendaient particulièrement efficace ses talents d’orateur(25).

Une des raisons pour lesquelles M.S. Ramadhan se montre « compréhensif » à l’égard de Tayeb El-Okbi est, sans doute, que sur la question des confréries et du type de soufisme que pratiquent celles-ci, il a continué à se sentir en accord avec ses idées. Ainsi, dans un ouvrage publié en 2007,» chakhsiât thaquâfiyya djazaïriyya », M. S. Ramadhan rappelle la vive opposition de Tayeb El-Okbi, aux confréries et à leur vision de l’islam, opposition qu’il approuve en précisant que les adeptes des confréries, « …ne connaissent du « wahabisme » que son opposition au confrérisme, et considèrent cette doctrine, hanbalite et sunnite, comme hétérodoxe et déviante par rapport au sunnisme et à la Communauté, alors que ce sont les adeptes des confréries qui sont déviants et innovateurs, et ignorants des doctrines du sunnisme et de la Communauté »(26). M. S. Ramadhan trouve toutefois trop violente la forme dans laquelle T. El-Okbi exprimait habituellement ses critiques aux adeptes du confrérisme et regrette qu’il ne se soit pas sur ce point inspiré du style plus souple, dont usait « son maître Ibn Badis avec les adversaires de la réforme et ses contempteurs »(27).

Parmi les personnalités ayant appartenu, à différents niveaux de responsabilité ou de renommée, à l’AOMA, et évoquées par M.S. Ramadhan dans ses écrits, la seule envers laquelle il manifeste une certaine hostilité est Tewfik El Madani. Ce sont principalement les affirmations de ce dernier dans ses mémoires « Hayât kifah » concernant son rôle personnel dans l’évolution du mouvement réformiste en Algérie, et dans l’action de l’AOMA, qui ont suscité l’ire de S. Ramadan, le conduisant à révéler le peu de sympathie qu’il éprouvait pour lui. M. S. Ramadhan s’emploie à établir dans un texte rédigé au lendemain de la parution des mémoires de Tewfik el Madani, documents à l’appui, que ce dernier a largement exagéré le rôle et l’influence qui avaient été les siens dans les mouvements réformistes et sa tendance à s’attribuer des vertus de patriote et de stratège politique, qui ont été loin d’avoir véritablement inspiré ses prises de position et ses actions réelles. Il relève ainsi dans ses écrits bien des contre-vérités historiques comme, par exemple, celle qui consiste à dire que le Destour tunisien a eu une influence importante sur le mouvement réformiste algérien(28).

Fidélité à la perception réformiste du confrérisme

La tendance qui s’est manifestée en Algérie vers le milieu des années quatre-vingt, en particulier dans les milieux officiels, à adopter vis-à-vis des confréries et des zaouias des attitudes plus positives et à atténuer les incriminations concernant leurs relations avec l’administration coloniale, ne semble pas avoir conduit M.S. Ramadhan à s’écarter sensiblement de l’opinion des principaux dirigeants de l’AOMA sur ces institutions et leurs adeptes. Cette fidélité à ce point de la doctrine réformiste apparaît clairement dans un opuscule publié en 2007 et intitulé « el-islah el-islami oua el-tasawwouf el-mounharaf » dans lequel, s’appuyant entre autres sur des textes de Moubârak el-Mîlî, il fustige les formes dévoyées du soufisme dont se réclament les confréries religieuses. « Quand, écrit M.S Ramadhan, on prend le livre de la Tidjaniyya, ou ceux d’Ibn Alioua, ou d’Ibn Tounès, ou les déclarations des soufis appartenant aux différents ordres confrériques, on y trouve de la dissolution, du blasphème, de l’athéisme, choses inadmissibles pour un croyant et mêlées à des conduites d’ascétisme et des formes dégradées de religiosité »(29).

L’intransigeance que manifeste ainsi M.S. Ramadhan sur la question des confréries et des zaouias contraste avec les formes d’acceptation de visions ou de conduites modernistes dont il a pu faire preuve dans d’autres domaines. On peut voir par exemple dans l’enthousiasme et le plaisir avec lesquels il reçoit en février 1950 la troupe de théâtre égyptienne dirigée par Youcef Ouahbi, venue visiter l’Institut « Dar el hadith », dont il était alors directeur, l’indice d’une attitude non ascétique ouverte sur ce que l’on pourrait appeler des dimensions esthétiques et pour ainsi dire profanes de la vie sociale. « Toutes les organisations musulmanes tlemceniennes, note ainsi S. Ramadan, ont fait fête à l’envoyé de l’Orient et à l’ambassadeur de la terre de "el kanana", et de brillants banquets et séances littéraires furent organisés en son honneur et celui de sa troupe, preuve décisive de l’attachement de la nation algérienne à l’Orient et à l’arabité »(30).

Récits de voyage et ouverture à l’autre

Cet intérêt pour des institutions ou des activités sans rapport direct avec des institutions ou des pratiques liées à la culture musulmane se manifeste aussi dans les écrits que M. S. Ramadhan a consacrés à ses voyages dans les pays européens. Sa participation au Festival Mondial de la Jeunesse, qui s’est tenu à Varsovie en 1955, lui a permis non seulement de séjourner une dizaine de jours dans cette capitale d’un des pays du bloc de l’Est, mais aussi de visiter plusieurs autres capitales occidentales. Les observations qu’il consigne à cette occasion, dans ses carnets, manifestent, vis-à-vis de divers aspects du mode de vie européen, plus fréquemment de la sympathie que du rejet. On ne note pas dans son ouvrage relatant son voyage et publié en 2004 de condamnation explicite du régime communiste et de son athéisme officiel. Faut-il y voir l’effet de la conviction que les problèmes de l’Europe étant ceux d’un univers culturel radicalement différent de ceux du monde arabo-islamique, le regard que l’on peut porter sur eux peut être empreint d’une certaine neutralité ? Il rédige aussi à l’occasion de cette visite en Pologne un poème dans lequel il promet aux polonais un avenir radieux au sein du régime politique qui est désormais le leur(31).

Le regard qui est celui de Mohammed Salah Ramadhan sur la société algérienne postérieure à l’indépendance apparaît ainsi tout à la fois fortement influencé par les principes de la culture réformiste algérienne, telle qu’elle avait été formulée et mise en pratique par ses leaders, et aussi compréhensif et relativement tolérant vis-à-vis d’aspects de la vie sociale qui évoluent selon des normes qui diffèrent de l’idéal qui s’était construit dans les diverses formulations de la doctrine réformiste ; c’est ainsi par exemple que l’importance qu’a conservée la position de la langue française en Algérie, des décennies après l’indépendance, ne semble pas avoir représenté pour lui une situation dramatique justifiant une mobilisation agressive en faveur d’une arabisation intégrale. Dans les écrits de M. S. Ramadhan que j’ai pu consulter, on ne trouve pas de texte d’incrimination des francisants ou des appels à l’application d’une politique radicale ou coercitive d’arabisation. Il apparaît, à travers ses écrits et ses différentes formes de participation à la vie publique, que le réseau de relations professionnelles, amicales et culturelles au sein duquel il n’a pas cessé d’évoluer, est resté principalement celui constitué par des personnalités appartenant à plusieurs générations d’intellectuels ayant été directement ou indirectement en liaison avec le courant réformiste algérien.


Notes :

1 Je remercie la famille de Mohammed Salah Ramadhan pour les documents et les informations qui ont été mis à ma disposition.

2 Ramadhan Mohammed Salah, fî nadhari zoumra min asdiqâihi …Alger, Thala éditions, 2004, p. 17. Il précise dans cet ouvrage que sa décision de rompre avec l’école coloniale, avait été prise contre l’avis de son père et de son grand-père qui souhaitaient qu’il poursuive des études en français (idem p. 27).

3 S’il avait poursuivi sa scolarité quelques années de plus, S. Ramadan aurait pu tenter de se faire admettre à la médersa de Constantine ; sa trajectoire sociale aurait été alors sans doute tout à fait différente.

4 Dans une note biographique manuscrite qu’il lui a consacrée, M. S. Ramadhan précise que Abdellatif Soltani (1903-1983) a assuré à El-Kantara, à la suite de son frère El-Amîn Soltani, des enseignements au milieu des années trente.

5 Ramadhan, M.S. Chekhsiât thaqafiyya djazâiriyya, 2007, p. 14.

6 Idem, p. 12.

7 Omar Carlier a montré l’important rôle joué par ces lieux de rencontre (naouâdî, cafés, etc.), dans le développement du mouvement national algérien durant les premières décennies du XXe siècle (Voir Carlier Omar, Entre nation et djihad, Histoire sociale des radicalismes algériens, Paris, Presses de sciences po, 1995, p. 193 sq.).

8 Ramadan M.S, fî nadhari zoumra… op. cit., p. 28.

9 Notons que ce type de formation n’était pas sans solidité, puisque des poèmes de M.S. Ramadhan commencent à paraître dans la revue El-Chihâb, dès 1937.

10 « J’ai côtoyé Ibn Badis six années, et je ne me séparais de lui que lorsqu’il voyageait, et pendant les périodes de vacances ou de repos ; je me suis ainsi imprégné de sa pensée, à laquelle je me suis conformé dans ma vie. » (Ramadhan Mohammed Salah fî nadhari … op. cit. p.. 19).

11 Ahmed Hamani, note ainsi dans un texte écrit en hommage à M. S. Ramadhan, que, au moment où Ibn Badis avait fait de lui son assistant, « …ce qu’il possédait en fait de science était limité et modeste, mais (ce savoir) était maîtrisé, bien appris et précis » Hamani Ahmed in Mohammed Salah Ramadhan, fi nadhra zoumra…op.cit., p. 49).

12 La possibilité de se rendre à Tunis pour étudier à la Zitouna existait pourtant déjà pour les lettrés liés à l’AOMA. Ahmed Hamani, par exemple, avait quitté Constantine en 1934 pour se rendre à Tunis et suivre les cours donnés à la Zitouna. On peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles M. S. Ramadan n’a pas suivi la même voie.

13 On dispose de travaux divers sur l’organisation et les conditions d’implantation du « système éducatif » réformiste. (Voir Merad Ali, Le réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940, Paris Mouton, 1967, et Turqui Rabah, El-ta’lîm el-qaoumî ou el-chakhsiyya el-wataniyya, Alger SNED, 1975).

14 « Nous étions, écrit M. S. Ramadhan, au sein de l’Association des oulama comme des arabes nomades, parcourant le pays en long et en large… construisant et édifiant les supports de notre personnalité algérienne ». (Ramadhan Mohammed Salah, Sawanih oua irtisamât, ……p. 42).

15 En 1946 fut également créée, au sein de l’AOMA, une commission chargée de l’enseignement ; cette commission était, aux dires d’Ahmed Hamani, une sorte d’«  académie », qui avait pour fonction d’orienter l’activité éducative de l’ensemble des institutions liées à l’Association. Elle coordonnait en particulier le travail de plusieurs inspecteurs. M. S. Ramadhan a été un membre important de cette commission. La création de celle-ci constitue un indice de la volonté des dirigeants de l’AOMA de construire un système d’enseignement en quelque sorte homologue au système éducatif établi par l’administration coloniale. Parmi les missions de cette commission, il y avait celle d’arrêter les programmes à enseigner dans les écoles réformistes

16 Mohammed Salah Ramadhan est ainsi l’auteur d’une » Géographie de le l’Algérie et du monde arabe ». Rappelons que Tewfik El-Madani a aussi écrit un manuel de Géographie de l’Algérie (Djoughrafiat al-qutr al djazâirî li-l-nâchia, 2ème édition, Alger, 1952).

17 Ramadhan Mohammed Salah, Commémoration littéraire de la visite de la troupe égyptienne à Dar-el-Hadîth.

18 M. S. Ramadhan a regroupé l’ensemble des textes versifiés qu’il a publiés depuis 1937, dans un recueil intitulé « chadhayä oua choudhour », Alger, ENAG, 2008.

19 Ramadhan M. S, el-kachafa el-islamiyya el-djazâiriya, Alger, 2003, pp. 10-11, (traduit par moi, H .M.).

20 Ouvrage collectif, Mohammed Salah Ramadhan fî nadhari zoumra min… op. cit. p. 11

21 Idem, p. 57.

22 M. S. Ramadhan est ainsi l’auteur, en collaboration avec un professeur de nationalité égyptienne, d’un choix de textes de littérature arabe, destiné aux élèves de ces instituts. Le premier tome de cet ouvrage qui en compte trois et qui a connu deux rééditions, comprend 65 textes dont le contenu est dans une grande mesure d’inspiration religieuse et morale, et dont les auteurs sont fréquemment (22 sur 65) des personnalités de la mouvance réformiste.

23 Aux dires de ses proches, M. S. Ramadhan exerçait son métier de professeur avec beaucoup de sérieux, dans le droit fil de la conscience professionnelle qui avait été la sienne dans les activités pédagogiques qu’il assurait dans le cadre de l’AOMA.

24 Sur l’exégèse coranique badisienne voir Merad Ali, Ibn Badis, commentateur de Coran, Alger, SNED, 1970. Ali Merad signale dans son ouvrage l’édition des textes d’Ibn Badis par M. S. Ramadhan, dans un court addendum critique (voir p. 250).

25 Bien que s’étant, dans les faits, écartés de l’AOMA, Tayeb El Okbi a poursuivi son activité de prédicateur au Cercle du Progrès.

26 Mohammed Salah Ramadhan, chakhsiyyât thaqâfiyya djazâiriyya, p. 43, (traduit par moi H. M.).

27 Idem, p. 66. Dans ses textes sur les leaders du réformisme algérien, M. S. Ramadhan s’est attaché à montrer que Tayeb el Okbi avait été l’auteur d’une œuvre poétique considérable restée assez méconnue (Cf. M. S. Ramadhan, chakhsiat thaquafiyya djazâiriyya, op. cit. p. 46)

28 C’est dans des textes non édités aimablement communiqués par la famille de Mohammed Salah Ramadhan, que nous avons relevé ces opinions concernant Tewfik el Madani.

29 Idem, p. 13

30 Ramadhan, Mohammed Salah el-dhikra el-adabiyya li ziarat el firka el misriyya li dâr el-hadîth bitilimsan, bi riâsat nâbigha el masrah el arabî el ustadh Youcef Ouahbî, Ministère des affaires religieuses, 2003, p. 6.

31 Ramadhan Mohammed Salah sawanih oua irtisamât, ‘abir sabîl Alger 2004, Editions du Haut Conseil pour la langue arabe, p. 186. L’auteur situe explicitement ses relations de voyage dans la tradition de la rihla, genre classique de la littérature arabe.

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